Une plainte déposée aux États-Unis accuse la compagnie Qatar Airways d’avoir indirectement causé la mort d’un passager strictement végétarien en lui servant un repas comportant de la viande, qu’il aurait tenté de contourner, au prix de sa vie, selon la famille.
Le 23 juin 2023, Asoka Jayaweera, un cardiologue âgé de 85 ans, embarque à Los Angeles pour Colombo (Sri Lanka) via Doha sur un vol Qatar Airways. Il avait préalablement demandé un repas végétarien, relate le média The Indépendant.
Toutefois, peu après le début du service à bord, environ deux heures et demie après le décollage, l’équipage lui aurait signifié que les repas végétariens étaient épuisés, l’invitant à « manger autour » des portions carnées du plat qui lui était proposé.
Selon la plainte déposée par son fils, Surya Jayaweera, alors qu’il s’efforçait d’écarter les morceaux de viande pour ne consommer que la portion végétarienne, Asoka aurait commencé à s’étouffer. Les membres du personnel de bord auraient tenté d’intervenir, en contact avec MedAire, un service médical d’assistance en vol, mais sans succès.
La compagnie responsable ?
Au cours de l’incident, on note un taux de saturation en oxygène à 69 %, bien en dessous du seuil de danger (88 %) selon la plainte. L’homme perd conscience et reste dans cet état pendant plusieurs heures. Le vol finit par faire une escale d’urgence à Édimbourg (Royaume-Uni), mais à ce stade le pronostic est déjà scellé : le passager est transporté à l’hôpital et décède le 3 août 2023, d’une pneumonie par aspiration (infection des poumons à la suite d’inhalation de liquide ou de débris alimentaires) selon le document judiciaire.
La famille Jayaweera reproche à Qatar Airways une négligence grave ayant directement conduit à ce décès, et réclame des dommages-intérêts excédant le plafond fixé par la Convention de Montréal (environ 175 000 USD pour les cas de décès ou de blessures à bord) l’un des traités internationaux régissant la responsabilité des compagnies aériennes.
Un point de litige majeur concerne la trajectoire du vol au moment de l’incident : la compagnie affirme que l’appareil survolait le cercle arctique, ce qui empêcherait une diversion raisonnable, tandis que la plainte de la famille donne à penser qu’il se trouvait au-dessus du Midwest américain, une zone où une escale aurait été « facilement réalisable ».
Par ailleurs, la version du vol sur l’épuisement des repas végétariens soulève des questions : Qatar Airways propose normalement une large variété de repas spéciaux, dont plusieurs options sans viande (végétaliennes, lacto-ovo, végétarien hindou, etc.).
La question est de savoir comment un vol aussi long (environ 15 h 30) pourrait être si mal approvisionné en repas conformes aux demandes des passagers, d’autant que les restrictions alimentaires (religieuses, médicales, préférentielles) sont monnaie courante dans le transport aérien.
Jusqu’à présent, Qatar Airways n’a pas répondu publiquement aux sollicitations relatives à cette affaire comme le précise nos confrères.
Ce drame met en lumière les risques liés à la gestion des repas spéciaux à bord des vols long-courriers, et l’obligation des compagnies aériennes de satisfaire les demandes alimentaires ou au moins de proposer des alternatives équivalentes dans le respect de la sécurité des passagers.
Des cas antérieurs montrent que l’impréparation peut avoir des conséquences graves : l’année précédente, un passager avec une allergie sévère aux fruits à coque a affirmé avoir été servi un plat contenant des noix à bord d’un vol Qatar Airways.
La présente affaire pourrait faire jurisprudence, et soulever des débats quant à la responsabilité des compagnies aériennes envers les passagers aux régimes alimentaires stricts ou sensibles.