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Situation à Gaza : La Commission européenne veut taxer des biens israéliens et sanctionner deux ministres d’extrême droite

La guerre à Gaza, l’intensification des opérations militaires israéliennes, le blocus de fait de l’aide humanitaire, et les initiatives israéliennes de colonisation dans les territoires occupés ont provoqué une forte inquiétude dans plusieurs pays européens.


La Commission européenne a dévoilé, mardi 17 septembre, une série de mesures inédites pour accroître la pression sur Israël, dans un contexte de guerre à Gaza et de critiques grandissantes sur la politique menée par le gouvernement de Benyamin Netanyahou. L’exécutif européen propose d’instaurer de nouvelles taxes sur une partie des biens importés d’Israël et de sanctionner deux figures de l’extrême droite israélienne : Itamar Ben-Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich, ministre des Finances.

Une remise en cause partielle des accords commerciaux

Au cœur des annonces figure la suspension de certains avantages commerciaux prévus par l’accord d’association UE-Israël. Concrètement, une partie des importations israéliennes ne bénéficierait plus des tarifs préférentiels et se verrait appliquer des droits de douane classiques. Selon les estimations de la Commission, ces nouvelles taxes pourraient représenter environ 227 millions d’euros, soit près de 37 % des importations israéliennes vers l’Europe. Les secteurs agroalimentaires seraient les plus touchés.

L’Union européenne justifie cette décision par le non-respect par Israël des engagements en matière de droits humains et de droit international, stipulés dans l’article 2 de l’accord. « Il s’agit d’un signal fort adressé au gouvernement israélien : le respect de nos valeurs est indissociable de nos relations économiques », a déclaré un haut responsable européen.

Parallèlement, Bruxelles veut activer son régime mondial de sanctions en matière de droits de l’homme pour viser directement Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich. Les deux ministres, connus pour leurs positions ultranationalistes et leurs déclarations polémiques sur les Palestiniens, seraient interdits de séjour dans l’UE et verraient leurs éventuels avoirs européens gelés.

Cette proposition, inédite à l’égard d’Israël, reflète une volonté de s’attaquer non seulement à la politique générale du gouvernement, mais aussi à ses représentants les plus radicaux.

Un processus semé d’embûches

Ces mesures ne seront toutefois pas simples à adopter. Si la Commission peut agir seule pour suspendre certains avantages commerciaux, l’imposition de sanctions personnelles requiert l’unanimité des 27 États membres. Or, plusieurs capitales, dont Berlin et Rome, ont déjà exprimé des réserves sur l’opportunité de sanctionner Israël, partenaire stratégique et économique majeur de l’Union.

En 2024, les importations européennes en provenance d’Israël se sont élevées à près de 16 milliards d’euros. Certains États membres redoutent donc des répercussions économiques et diplomatiques en cas d’escalade.

Entre pression humanitaire et calcul politique

Bruxelles insiste sur le caractère « proportionné » et « ciblé » de ces mesures, affirmant vouloir améliorer la situation humanitaire à Gaza plutôt que « punir » Israël. Mais l’annonce intervient aussi dans un climat politique tendu, où l’Union cherche à montrer qu’elle ne reste pas passive face à un conflit qui a déjà causé des dizaines de milliers de morts et une catastrophe humanitaire sans précédent.

Du côté israélien, la réaction ne s’est pas fait attendre. Plusieurs responsables ont dénoncé une décision « injuste et partiale », avertissant que toute sanction européenne serait suivie de contre-mesures.

Au-delà du fond, la proposition de la Commission constitue un test pour l’unité de l’UE. Rarement les Vingt-Sept ont trouvé un terrain d’entente sur la politique à adopter vis-à-vis d’Israël. La question sera désormais entre les mains du Conseil, qui devra dire s’il est prêt à franchir ce pas inédit : conditionner concrètement ses relations économiques et politiques à la défense des droits fondamentaux dans la région.

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