Dans une déclaration forte, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe a lancé, sur RTL, un appel sans précédent : Emmanuel Macron devrait organiser une élection présidentielle anticipée dès l’adoption du budget 2026. Une prise de position qui marque une rupture dans le camp centriste, alors que la crise politique française entre dans une nouvelle phase.
Au micro de RTL, Édouard Philippe a jeté un diagnostic sévère : « L’État n’est plus tenu », a-t-il estimé, dénonçant « l’autorité et la continuité de l’État » non respectées.
Il a assuré qu’il ne s’agissait pas de proposer une « démission brutale » du président, mais de suggérer une voie « ordonnée » pour sortir de la crise : d’abord nommer un Premier ministre chargé d’établir un budget, puis, une fois le vote acquis, annoncer une présidentielle anticipée et partir immédiatement.
« On ne va pas prolonger ce que nous vivons depuis six mois encore pendant 18 mois : c’est beaucoup trop long », a-t-il lancé, appelant Macron à « prendre une initiative » à la hauteur de ses responsabilités.
Pour Édouard Philippe, la dissolution de l’Assemblée nationale décidée en 2024 était une « décision funeste », et le choix du nouveau Premier ministre (Gabriel Attal) « curieux ». Il juge que la manœuvre de dissolution ne doit pas servir à « déminer » les tensions, mais à résoudre une crise politique, et reproche que les institutions soient instrumentalisées à des fins personnelles.
Réactions au sein de la majorité et de l’opposition
La prise de position de Philippe ne passe pas inaperçue… et suscite déjà des tensions.
Gabriel Attal, ancien Premier ministre et pilier du groupe Renaissance, a clairement rejeté l’idée de démission ou de présidentielle anticipée :
« Nous ne mêlerons jamais nos voix à ceux qui appellent matin, midi et soir à la démission du président de la République et à une présidentielle anticipée. » Selon des informations de RTL, Bruno Retailleau (LR) juge la démarche « grave » : selon lui, seule une décision du président, pas une pression extérieure, peut légitimement enclencher un tel processus.
Côté opposition, la crise s’intensifie : La France insoumise a déposé une motion de destitution, et les forces de gauche multiplient les appels à une alternative politique forte.
Est-ce constitutionnel ? Les conditions d’une présidentielle anticipée
Sur le plan institutionnel, la Constitution de la Ve République ne prévoit pas explicitement la tenue d’une élection présidentielle anticipée : le président demeure en fonction jusqu’à la fin de son mandat, sauf décès, démission ou empêchement majeur. Mais Historique et jurisprudence montrent que certaines interprétations méritent d’être examinées.
Dans son discours, Philippe propose d’abord de sécuriser le vote du budget ce qui garantirait la continuité de l’État avant de lancer le processus électoral.
Certains constitutionnalistes pointeraient la nécessité d’un consensus politique, voire d’une révision constitutionnelle, pour encadrer une telle sortie.
Un autre chemin envisagé est la dissolution de l’Assemblée nationale : mais Philippe lui-même se montre sceptique, redoutant que l’Assemblée renversée ne constitue qu’un report de la crise, sans stabilité.
En cas de dissolution, le président conserve son mandat, sauf en cas de décision personnelle de départ anticipé.