Dans un revirement politique spectaculaire, le Premier ministre Sébastien Lecornu a remis sa démission ce lundi matin, quelques heures seulement après la présentation de son gouvernement. Le président Emmanuel Macron l’a acceptée, plongeant la France dans une incertitude institutionnelle profonde.
Ce lundi 6 octobre, c’est par le biais d’un communiqué publié par l’Elysée, que le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a annoncé avoir remis sa démission à Emmanuel Macron.
Nommé le 9 septembre 2025 pour succéder à François Bayrou, Lecornu n’aura occupé Matignon que 26 à 27 jours, ce qui en fait le mandat le plus court de l’histoire de la Ve République.
Le gouvernement qu’il venait d’annoncer, composé pour l’essentiel des mêmes personnalités que sous Bayrou, avait été vivement critiqué pour son manque d’audace et d’ampleur de renouvellement.
Sébastien Lecornu pointe « les appétits partisans »
Dans sa brève allocution depuis Matignon, Lecornu a justifié sa démarche en pointant « les appétits partisans » des partis politiques, qu’il jugeait incompatibles avec la recherche d’un compromis. « Les conditions ne sont pas remplies », a-t-il déclaré. Il a affirmé que certains partis avaient agi comme s’ils détenaient une majorité absolue, alors qu’ils ne l’ont pas.
Depuis sa nomination, Lecornu avait pris position contre l’usage systématique de l’article 49.3 (permettant au gouvernement de faire adopter une loi sans vote) dans le cadre du projet de budget 2026, souhaitant privilégier le dialogue parlementaire.
Mais l’opposition — de gauche comme de droite — avait rapidement dénoncé la continuité du cap politique et le manque de renouveau, menaçant de motions de censure.
Réactions immédiates et choc sur les marchés
L’annonce de la démission a provoqué une onde de choc. À la Bourse de Paris, les valeurs bancaires ont lourdement souffert : BNP Paribas, Société Générale, Crédit agricole, entre autres, ont accusé des baisses sensibles.
Sur le plan politique, Jean-Luc Mélenchon a immédiatement appelé à une rencontre des partis de gauche cet après-midi, tandis que le Rassemblement national réclame la dissolution de l’Assemblée nationale.
D’autres responsables politiques, comme Yaël Braun-Pivet (présidente de l’Assemblée), appellent à un « pacte de stabilité », soulignant l’urgence de résorber l’illégalité perçue du blocage gouvernemental.
Une présidentielle sans majorité stable
Cette nouvelle crise arrive dans le contexte d’une majorité parlementaire éclatée depuis les élections législatives de 2024. Aucun groupe politique ne dispose d’une majorité claire à l’Assemblée nationale, ce qui rend toute gouvernance durable particulièrement difficile.
Le président Macron se retrouve face à plusieurs options risquées : nommer un nouveau Premier ministre, envisager la dissolution de l’Assemblée ou, dans des scénarios extrêmes, se mettre lui-même en retrait.