La présidente du tribunal correctionnel de Paris, Nathalie Gavarino, fait désormais l’objet d’une protection judiciaire renforcée.
Selon le parquet de Paris, deux enquêtes ont été ouvertes après la réception de menaces à son encontre dans la foulée de la condamnation de Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison ferme pour « association de malfaiteurs », dans l’affaire des financements libyens.
Depuis l’annonce du jugement, de multiples messages visant la magistrate circulent en ligne. Certains comporteraient des menaces de mort ou des appels à la violence. Le parquet a confirmé avoir confié les investigations au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLHL), structure spécialisée dans les infractions commises sur internet, notamment les menaces, injures ou cyberharcèlement.
Une réaction immédiate des magistrats
L’Union syndicale des magistrats (USM) a dénoncé des attaques « d’une extrême gravité » contre une représentante de l’autorité judiciaire, rappelant que « menacer un juge revient à s’en prendre à l’État de droit lui-même ». Le syndicat a appelé à un soutien sans faille à la présidente du tribunal, tout en demandant des moyens accrus pour protéger les magistrats exposés à de telles pressions.
La condamnation de l’ancien chef de l’État a déclenché une vague de réactions passionnées, certains soutiens politiques de Nicolas Sarkozy mettant en cause la décision du tribunal. Les menaces à l’encontre de la présidente s’inscrivent dans ce contexte de fortes tensions entre justice et politique.
Le parquet rappelle de son côté que les menaces de mort contre une personne dépositaire de l’autorité publique sont passibles de cinq ans d’emprisonnement et que le cyberharcèlement est sanctionné de deux ans de prison et 30 000 euros d’amende.
Pour l’heure, ni la nature exacte des messages incriminés ni l’identité de leurs auteurs n’ont été rendues publiques. Les deux enquêtes ouvertes devraient permettre de déterminer l’origine de ces menaces et, le cas échéant, de poursuivre leurs auteurs.
En attendant, la magistrature reste sous le choc de ces attaques. « S’en prendre à un juge, c’est tenter d’intimider toute une institution », confie un magistrat parisien.