Thierry Ardisson, surnommé « l’Homme en noir », est décédé ce lundi 14 juillet 2025 à Paris, à l’âge de 76 ans, des suites d’un cancer du foie, a annoncé sa femme Audrey Crespo‑Mara ainsi que ses enfants.
Thierry Ardisson, s’est éteint ce lundi matin à l’âge de 76 ans, a annoncé sa femme, Audrey Crespo-Mara auprès de l’AFP.
« Thierry est parti comme il a vécu. En homme courageux et libre. Avec ses enfants et les miens, nous étions unis autour de lui. Jusqu’à son dernier souffle. » a écrit sa compagne.
Thierry Ardisson se battait contre la maladie
Celui que l’on surnommait « l’Homme en noir » est décédé des suites d’un cancer du foie selon nos confrères de BFMTV. L’animateur avait été hospitalisé début juillet à Paris, entouré de sa famille, fait savoir Le Monde.
Avec lui disparaît une figure emblématique de l’audiovisuel français, un homme qui aura marqué la télévision par son ton singulier, son humour noir et sa capacité rare à créer des formats à la fois impertinents et populaires. Retour sur une carrière hors normes.
Une plume avant l’écran
Né en 1949 à Bourganeuf, dans la Creuse, Thierry Ardisson commence sa carrière dans la publicité. Il se fait rapidement remarquer par son esprit acéré et sa plume acide, collaborant notamment avec Havas puis en tant que concepteur-rédacteur indépendant. Il invente des slogans devenus cultes et affine un sens de la formule qui marquera toute sa carrière télévisuelle.
Dans les années 1980, il fait ses premières armes dans la presse écrite (Interview, Façade) avant de passer à l’écran. Sa transition vers la télévision sera aussi radicale que flamboyante.
Une révolution cathodique
C’est avec « Lunettes noires pour nuits blanches » (1988–1990) qu’il impose son style. Tournée dans des lieux nocturnes parisiens, l’émission mêle confidences, provocations et dérision. Ardisson y forge ses marques : look noir, ton frontal, jeux d’interview décalés. L’homme ne présente pas, il orchestre, questionne, dérange – et fascine.
Le succès grand public viendra avec « Tout le monde en parle » (1998–2006) sur France 2. Chaque samedi soir, Ardisson réunit artistes, politiques, intellectuels ou stars du moment autour d’un décor feutré et de questions souvent implacables. L’émission devient culte. Ses formats — « Interview first date », « Self-interview », « Questions cons » — marquent une génération.
Il enchaîne ensuite avec « Salut les Terriens ! » sur Canal+, poursuivant sa mission : secouer les idées reçues, offrir un espace aux voix dissonantes, tout en restant profondément divertissant.
Un producteur à l’instinct sûr
Au fil des années, Ardisson ne s’est pas contenté d’être animateur. Il devient un producteur redoutable à travers sa société Ardimages. Il crée « Paris Dernière », émission mythique sur la nuit parisienne, et coproduit divers documentaires et fictions, dont certains projets cinématographiques.
En 2022, il innove encore avec « Hôtel du Temps », émission où, grâce à la technologie de reconstitution faciale, il “interviewe” des figures historiques disparues, de Dalida à Coluche. Le concept divise, mais témoigne de sa volonté de ne jamais cesser d’expérimenter.
Ardisson a souvent suscité la controverse, notamment sur le ton de ses interviews, jugé parfois cynique ou trop frontal. Il fut aussi au cœur de polémiques éditoriales ou de différends avec les chaînes. Mais il a toujours revendiqué une télévision « différente », où le fond n’était jamais sacrifié au spectacle.
Son franc-parler, son goût du débat, son refus du consensus facile lui ont attiré respect et critiques, mais surtout une reconnaissance transversale. Il a reçu plusieurs prix et hommages, même s’il a toujours préféré les projecteurs à la postérité.
L’homme derrière l’écran
Marié à la journaliste Audrey Crespo-Mara, père de trois enfants, Ardisson était aussi écrivain (Confessions d’un baby-boomer, L’Homme en noir, etc.). Il avait récemment confié vivre une forme de fatigue médiatique, mais restait toujours à l’affût d’un nouveau format, d’une nouvelle idée.
Jusqu’à ses derniers jours, il travaillait sur un projet documentaire retraçant sa carrière, prévu initialement pour la rentrée 2025.
Avec la mort de Thierry Ardisson, la télévision française perd une voix libre, provocatrice et profondément originale. Une silhouette noire qui, des plateaux feutrés de France 2 aux studios brillants de Canal+, aura su bousculer, déranger, mais surtout faire réfléchir. Il laisse derrière lui un vide – et une empreinte durable dans la mémoire collective du petit écran.